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La nouvelle normalité à l’école

Masques, gel, tests. C’est devenu une routine pour les jeunes élèves du Luxembourg. Même s’ils s’adaptent, cela n’exclut pas qu’ils gardent des séquelles de cette pandémie. Un reportage multimédia au sein de l’école fondamentale Lenkeschléi de Dudelange.

Mim Schütz a commencé sa journée en recevant l'appel d'une mère infectée par le virus. « Votre fille doit rester à la maison pendant six jours et faire un test PCR. Si le test est négatif, elle peut retourner à l'école. Si le test est positif, elle reste à la maison durant encore dix jours », explique-t-elle. Une première, puis une deuxième et enfin une troisième fois. « Peu importe que le test antigène soit négatif, elle doit rester à la maison », finit-elle par lâcher, excédée.

Avec la multiplication du nombre d'infections dans les écoles, Mim Schütz est assaillie chaque jour par les nombreuses questions des parents. Pour l’enseignante du cycle 3, cet aspect fait désormais partie de son quotidien.

« C'est une situation compliquée pour eux, car il y a tellement d'informations différentes partout. Cette mère, par exemple, dit que c'est son médecin qui lui a affirmé que sa fille pouvait retourner à l'école alors que les mesures actuelles ne le permettent pas », assure-t-elle.

Depuis la rentrée de janvier, trois jours par semaine, les enfants font un autotest antigène au début des cours.

En cas de test positif au sein de la classe, la stratégie actuelle prévoit non seulement l’isolement des enfants concernés, mais aussi la hausse du rythme des tests pour les autres élèves. De trois par semaine, chacun doit alors en faire un par jour pendant une semaine.

Une manière de lutter contre la pandémie dans les écoles qui impacte directement la scolarité des plus jeunes. En janvier dernier, Mim n’a ainsi eu que neuf des 16 enfants de sa classe. Les sept autres étaient soit cas-contact, soit infectés eux-mêmes.

Grâce à l'application edutesting.lu, Mim renseigne les élèves qui ont passé le test et transmet dans la foulée leur résultat. Aussi bien au ministère qu’aux parents, via e-mail.

Ouverte depuis janvier 2021, l’école Lenkeschléi permet aux élèves placés en isolement de suivre les cours en visioconférence. Lundi, dans la classe de Mim, deux élèves suivent les cours à distance.

« Nous essayons de faire en sorte que les élèves aient une journée scolaire aussi normale que possible, même s'ils sont à la maison », explique l’institutrice.

Mais la majorité des établissements du fondamental ne sont pas aussi bien équipés, rendant parfois l’apprentissage plus compliqué. Certains élèves sont ainsi mis en quarantaine pendant plusieurs semaines sans pouvoir assister aux cours et passent leur journée à la maison sans lien réel avec l’école. Seuls les devoirs transmis par l'intermédiaire de leurs camarades de classe les rattachent de fait à ce monde d’avant.

Sans surprise, la pandémie a encore accentué les inégalités préexistantes. « La technologie n'est pas toujours le problème, contrairement au statut social de la famille et au soutien apporté à la maison », rappelle Mim. « Il y a toujours eu des inégalités, mais à l'école, nous essayons de faire en sorte que chacun ait les mêmes chances ».

Si le contexte sanitaire n'a pas rendu cette institutrice plus tolérante en ce qui concerne les évaluations, il a tout de même changé sa manière d’enseigner.

Pour Annika Polivka, enseignante en cycle 2, cette pandémie laissera forcément des traces sur les enfants.

La pandémie et ses conséquences quotidiennes ont été plutôt bien acceptées par la majorité des enfants.

Au vu des chiffres actuels des infections, l’école Lenkeschléi de Dudelange s’en sort bien. Le jour du reportage, sur les 160 élèves inscrits, 36 étaient à la maison, en quarantaine ou en isolement. Et jusqu'à présent, seuls trois des 20 enseignants étaient absents.

Mais le jeune établissement scolaire ne peut être représentatif des écoles du pays. Car si les élèves de ce complexe flambant neuf bénéficient notamment d’un système de circulation d'air ou de classes plus petites, la réalité se révèle être tout autre dans la plupart des 157 écoles publiques du pays.